dimanche 4 décembre 2011

Chapitre 7, à Copenhague 1912

Jens porta son sac-à-dos fabriqué par un ami à lui, adapté à ses besoins physiques, il y eut toutes ses affaires en voyageant, il ne put pas toujours porter tout ce qu’il souhaitait, mais il ne s’en plaignait pas, mais le regard des autres fut parfois terrifiant. Un certain Niels Svendsen, gérant d’un magasin d’alimentation dans le quartier Christiania, lui rendit service en offrant un logement temporaire pendant ses recherches au Danemark, il ignora pourquoi et qui que Jens chercha.

Quelques jours plus tôt sur le navire HMS STOCKHOLM, en passant par l’île Gotland, un centre du commerce, mais la ville de Visby en était une véritable capitale quand les Allemands s’installèrent là, tous les pays baltiques furent présents à l’époque. Jens regarda le mur de Visby, une trace de l’histoire de Suède, les marchandises que les marins y transportèrent, ils travaillèrent dur pour ne pas perdre du temps, il fallait passer par Hambourg avant d’arriver à Copenhague. HMS STOCKHOLM fut un trois-mâts, le beau navire qui transporta quelques voyageurs parmi eux, cet homme sans bras, mais les marins sentirent une sympathie pour lui, mais n’y avaient même pas besoin de lui surveiller, malgré le manque de bras, il se tint bon pendant les tempêtes. Et l’odeur de la mer Baltique fut agréable, un sentiment de la présence de son père, qui fut étrange, car il n’y était pas. Le voyage s’approcha de sa fin, la mer du Nord s’apparaîtra devant les yeux de Jens en arrivant à Öresund, une manche qui sépara la Suède et le Danemark. Le capitaine de HMS STOCKHOLM salua le comité d’accueil qu’il appela les gentils Danois, qui devinrent ses amis, mais pour les autres la Suède était un pays ennemi, mais pour le capitaine Jonas cela s’agissait d’une ancienne histoire. Il aimait bien ce petit homme sans bras, Jens devint rapidement un ami, son départ fut douloureux, et Jonas espéra qu’il le retrouverait un jour.

« Tu as l’air triste, mon ami. » Niels regarda Jens dans les yeux.

« Je le suis, j’espère que je la retrouverai… » Un souffle de Jens.

« Ah, c’est donc une fille. Elle doit être extraordinaire, si tu es à sa recherche. » Niels sourit, une compassion sincère.

« Elle est la seule qui me voit, qui n’a pas peur de moi… » Un sourire triste sur ses lèvres. « Elle est devenue une belle demoiselle. »

« Je te crois, parles-moi-le, qu’est-ce qui s’est passé ? »

« Son père avait arrangé un mariage, politique, et elle s’est enfuie, j’ai entendu qu’elle est ici, à Copenhague. »

« Tu l’aimes vraiment, et elle t’aime ? »

Jens donna un signe positif avec sa tête sans savoir répondre. « Oui, mais je me souviens également de ce que mon père m’avait dit… »
« Ton père doit être un sage homme… »

« Il l’était… » Jens regarda Niels dans les yeux. « Il est disparu… »

« Désolé, mon ami, je ne pouvais pas le savoir. »

« C’est pas grave, il m’aimait et j’ai ses lettres avec moi. » Jens fut content d’avoir trouvé Niels au marché en sortant de l’hôtel qui avait refusé louer une chambre à lui.

« Donc cette fille a un nom ? »

« Oui, Annette Von Winkel… »

« Von Winkel ?! » Niels fut surpris. « Je le connais, son père, un homme antipathique. Si elle est ici elle porte probablement le nom de jeune fille de sa mère. »

« Je ne trouve pas qu’il est antipathique, il en a peur du regard des autres, je ressens sa peur et elle détruit un homme. »

« Les rumeurs font mal, tout ce qui cause le mal de la société, mais cela continuera… »

« Tu en as raison. » Jens avait une vision de l’avenir, il avait prévu la grande guerre, mais la vie continuait.

« Je ne suis qu’un gérant d’un magasin, pas un politicien, juste un simple homme qui essaye de survivre, mais je sais que le respect pour les ouvriers n’y existe pas. »

« Et ta famille, où est-elle ? » Demanda Jens.

« Elle n’existe pas, ma femme est décédé quand elle accoucha notre bébé, qui est mort à la naissance. »

« Je suis désolé, mes condoléances. »

«  Il y a dix ans, je survis. » Niels sourit. « Parlons d’Annette. »


« Si seulement… » Jens regarda le sol de la cuisine, deux chaises et une table, le four qui était également une cheminée. La chaleur fit de bien ce soir bien froid, mais cela n’était qu’un moment agréable. Le verre de bière devant Jens, il le prit dans sa bouche et buvait sa bière.

Niels se leva pour chercher des autres bières, il adora Jens, un véritable homme pensait-il. Une demi-heure plus tard chacun de ces deux hommes se rendit à sa chambre à coucher, Jens se déshabilla à sa façon et mit son pyjama, jeta un coup d’œil à la rue, quelques hommes soûls s’y bougèrent parmi les prostituées. Jens regarda un longtemps les personnes et écouta à ce qu’elles dirent en danois. Puis il se coucha, il vit le toit, les ombres qui y jouèrent sur le plafond, il ferma ses yeux et s’imagina Annette sur le quai à Stockholm, son regard chaleureux qui l’a suivi, il en espérait vraiment qu’il retrouverait Annette un jour, mais les mots de son père y sonnèrent. « N’oublies pas, je t’aime, mon fils, et surveillerai sur toi… »


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